Retrouver l’audace

Par Robert Jasmin, dans Le Devoir, le 10 avril 2014

Flag of Quebec, canada

J’ai 71 ans. Depuis l’âge de 20 ans, je lutte comme indépendantiste pour que mon pays réel devienne un pays légal et reconnu par les autres. Et je continuerai à le faire malgré la défaite conjoncturelle que nous avons subie. Il me semble toutefois nécessaire d’aller au fond des choses.

Globalement, le constat est le suivant : notre peuple s’est retrouvé en panne d’audace. L’audace de ne pas céder à la peur d’exister. L’audace de préférer l’émancipation à la corruption. L’audace de considérer la langue, la culture et l’identité comme de vraies affaires d’un vrai peuple. L’audace de refuser la médiocrité d’une vie réduite à être des consommateurs obéissants. L’audace de regarder la réalité d’un monde aux ressources limitées et de consentir à la nécessité d’imaginer une autre économie que celle, utopique, d’une croissance infinie.

 Mais comment retrouver l’audace de ceux et celles de ma génération qui ont vécu dans les années 1960 et 1970, une époque où les mots « nationalisation », « émancipation » et « fierté » faisaient partie du langage courant et ne provoquaient pas une ruée vers les abris comme aujourd’hui ? En osant ! Oser penser, oser parler, oser agir. Faire tout cela, mais pas uniquement en fonction des élections. Les indépendantistes ne doivent pas se limiter à faire de l’action partisane, et ce, dans la seule période électorale. […]

[…] redevenons des citoyens organisés et engagés partout, sur tous les fronts. Forcer les politiciens à choisir les gens avant l’argent et le pays avant le parti. Ne pas craindre les réactions de ceux qui sont habités par la peur, ceux qui ne sortent de leur torpeur que pour déposer leur bulletin de vote dans l’urne d’une main tremblante. Entre les périodes électorales, ils sont silencieux et inactifs. […]

En ce lendemain de la victoire des réducteurs de peuple, j’ai entendu sur les ondes de la radio publique de Québec une entrevue avec l’écrivain français Alexandre Jardin, qui disait son amour du Québec. On lui a demandé s’il était tenté de s’installer chez nous. Il a répondu ceci : « Non. Même si la France traverse une période très difficile, j’aime trop mon pays pour le laisser tomber, nous allons le remettre debout ! Il faut dire non à la fatalité ! » Est-ce que notre amour du Québec ne pourrait pas nous faire dire la même chose ?

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