Frédéric Lacroix | L’AUT’JOURNAL
On se souvient que Philippe Couillard, alors chef du PLQ, avait annoncé l’implantation d’une faculté satellite de médecine de famille en Outaouais il y a quelques années. Cette annonce avait été généralement bien accueillie dans cette région qui, rappelons-le, souffre d’un sous-financement chronique dans le domaine de la santé, le gouvernement du Québec semblant en avoir abandonné la gestion à la Commission de la capitale nationale, organisme qui relève d’Ottawa. Il y avait cependant un hic : la faculté satellite relèverait de McGill University… Donc, les futurs médecins de famille de l’Outaouais seraient formés en… anglais! Ceci en vertu du fait que l’Outaouais fait partie du Réseau universitaire intégré de santé (RUIS) de McGill University, structure que ce même Philippe Couillard a créée dans le milieu des années 2000. On peut consulter la carte de répartition territoriale des RUIS ici pour constater que McGill occupe la majeure partie du territoire du Québec en termes de superficie. Rappelons aussi que les médecins formés à McGill quittent massivement le Québec après leur formation.
Dans cette région frontalière qui vit quotidiennement sous l’hégémonie de l’anglais et avec la menace de l’assimilation, ce détail était la goutte qui fait déborder le vase. Une pluie de critiques s’en est suivie, mais avec son mépris habituel, le premier ministre Couillard avait balayé cela du revers de la main. M. Couillard ne « voyait aucun problème à ce qu’une partie de la formation soit en anglais ». Perdant tout contact avec la réalité, il ajoutait même que « McGill avait beaucoup augmenté son contenu de formation en français » (un mensonge éhonté et flagrant, « fake news! »). McGill en avait rajouté, en affirmant que « 92% de la formation serait en français ». Hein? La seule façon d’arriver à un chiffre de 92%, c’est de compter les pauses pipi et les heures de sommeil comme des heures d’enseignement en français.
Pour rajouter l’insulte à l’injure, on apprenait le 2 novembre via le journal Le Droit que les candidats pour la médecine en Outaouais devraient aller faire un an de programme préparatoire sur le campus de McGill et bien sûr, totalement en anglais! (Question pour McGill : en est-on toujours à 92% de la formation en français? J’attends les détails du calcul!). Sur son site web, McGill fait de la publicité pour sa faculté de l’Outaouais en affirmant que la langue d’usage est le français, mais que « l’anglais est utile » (pincez-moi quelqu’un).
Comment dire la chose de façon polie? Il est désagréable et hallucinant de se faire prendre collectivement pour des cons à ce point. Pour paraphraser un discours célèbre autrefois rédigé par Jean-François Lisée: « ce dont les futurs médecins ont besoin ce ne sont pas des examens d’anglais, mais des examens de biochimie et d’anatomie ».
Le PQ de M. Lisée avait affirmé avant les élections que la formation devait se faire à 100% en français en Outaouais. M. Samson de la CAQ avait aussi affirméque McGill devait franciser son programme à 100% avant l’ouverture prévue en 2020 sans quoi la faculté satellite devrait être rattachée à l’université de Montréal. Le ministre responsable de l’Outaouais vient de redire « qu’au Québec, chaque étudiant a le droit d’avoir sa formation à 100% en français ».
Voilà donc un premier test de leadership pour M. Legault.
Celui-ci doit soit imposer la francisation totale du programme offert par McGill en médecine familiale avant l’ouverture prévue en 2020, soit reconfigurer les RUIS pour diminuer de façon importante le poids accordé à McGill University en Outaouais et permettre de rattacher directement cette faculté satellite à l’université de Montréal.
Toute autre solution est totalement inacceptable.