Sénat : L’impossible réforme

par Bernard Descôteaux dans Le Devoir,  le 1 février 2014

[…] En soi, la proposition que fait le jeune chef libéral [Justin Trudeau] est séduisante. Faisons de la Chambre haute, soumet-il, une institution non partisane dont les membres seront choisis par un comité de sages, de telle sorte qu’elle pourra jouer son rôle en toute liberté et indépendance. L’expulsion des 32 sénateurs du caucus libéral est là comme un point de départ pour manifester sa ferme volonté d’agir en ce sens.

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Difficile néanmoins de croire en la totale sincérité du geste qui cache mal l’intention de piéger le premier ministre Harper sur ses projets de réformes du Sénat. […] Ne se sont pas laissés séduire non plus par cette proposition les sénateurs libéraux limogés brutalement par leur chef qui ne les a ni consultés, ni avisés. Celui-ci s’est conduit à leur endroit de la même manière autocratique qu’on reproche au premier ministre Stephen Harper.

[…]  Il y a des gains électoraux à faire. Tous savent bien qu’une véritable réforme du Sénat est impossible en raison du cadenas que constitue la formule de modification de la Constitution, qu’il s’agisse de l’abolir ou de le transformer. Il faudra dans le premier cas unanimité des provinces, ou dans le deuxième une majorité de sept provinces représentant 50 % de la population canadienne. Le premier à le savoir devrait être Justin Trudeau. C’est son père, Pierre Elliott Trudeau, qui l’a conçue. Mais de parler de réforme du Sénat fait oublier que le Canada est réduit au statu quo par son impuissance constitutionnelle. Il n’y a pas de véritable volonté de réforme.