Article de Bernard Descôteaux paru dans Le Devoir du 14 décembre 2010.
L’érosion du français à Montréal n’est pas qu’une vue de l’esprit. Si l’on peut se perdre facilement dans les débats entre démographes, la simple observation de la vie quotidienne sur l’île de Montréal suffit pour soulever inquiétudes et préoccupations. Mieux que des statistiques, ce sont les états de fait qui sont le plus révélateurs de cette situation, comme cette fusion récente de l’Institut de réadaptation de Montréal avec le Lindsay Rehabilitation Hospital sous le nom d’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal (IRGLM). Le conseil d’administration de celui-ci veut maintenant obtenir un statut bilingue. Cette fusion s’ajoute à l’intégration au Centre universitaire de santé de l’Université McGill de l’hôpital de Lachine qui, par la force des choses, se bilinguise.
La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal demandait hier que la ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, requière de l’Office de la langue française une enquête sur les institutions de santé qui ont un statut bilingue pour vérifier si elles répondent aux critères ayant permis d’obtenir ce statut. Il faudrait en fait mener une étude plus large pour mesurer la capacité des institutions de santé anglophones et francophones à Montréal d’offrir des soins dans la langue des patients.
La dernière étude de cette nature faite par l’Office de la langue française l’a été il y a dix ans et portait sur les services en français offerts par les établissements anglophones. À cette époque, 18 % des répondants disaient avoir été soignés par du personnel n’ayant pas une connaissance suffisante de la langue pour leur offrir un service adéquat. Une mise à jour s’impose, mais en élargissant une telle étude à d’autres aspects, comme la fréquentation des hôpitaux anglophones par une clientèle francophone et vice-versa. Une vue d’ensemble permettra de voir si l’on s’alarme en vain ou s’il faut réagir.