Chronique de Mathieu Bock-Côté publié dans le Journal de Montréal le 19 janvier 2012
VIRAGE NATIONALISTE
La deuxième option, c’est un vrai virage nationaliste. Mais, dans ce cas, parler de souveraineté avec un haut-parleur ne suffira pas. Il faudra miser sur l’identité ! Au programme: langue, laïcité, immigration, enseignement de l’histoire et démocratie.
Par exemple, il doit faire de la lutte pour la francisation de Montréal une priorité. De même, il doit se poser comme l’adversaire des accommodements raisonnables multiculturalistes. Et proposer une charte de la laïcité qui ne censure pas notre héritage catholique.
Il devrait aussi rajuster les seuils d’immigration selon nos capacités d’intégration. Elles ne sont pas infinies. Les curés de la rectitude politique l’insulteront? La majorité silencieuse, elle, applaudira.
De même, le PQ devrait changer sa manière de promouvoir l’indépendance. Il devrait faire le procès du régime canadien. Celui de 1982. Du multiculturalisme. De la Cour suprême et du gouvernement des juges. De la religion de la Charte des droits et de la négation de la souveraineté populaire.
Par ailleurs, un tel virage donnerait au PQ un avantage sur ses adversaires menottés sur la question identitaire. Les libéraux sont prisonniers de leur base anglophone. La CAQ de ses coalisés fédéralistes venus du PLC.
Mais ce virage nationaliste serait contradictoire avec le programme de QS, ouvertement multiculturaliste. Je répète: le discours qui peut sauver le PQ sera censuré s’il s’allie avec QS.
Plus fondamentalement, un virage nationaliste sortirait le PQ d’une vieille impasse idéologique.