Par Mathieu Bock-Côté, dans Le Journal de Montréal, le 3 mars 2014
Il ne faut pas se faire d’illusion : la demande par les médias anglophones d’un débat des chefs en anglais, lors de la prochaine campagne électorale, n’est pas une revendication anodine. Elle s’inscrit dans une vision politique qui s’affiche de manière de plus en plus décomplexée: on entend peu à peu passer de l’idéal du Québec français au Québec bilingue. Le français n’est plus considéré comme la seule langue officielle, non plus que comme langue commune. Il s’agira désormais d’une langue sur deux. L’héritage linguistique de la Révolution tranquille est nié.
Pourquoi cette revendication surgit-elle maintenant? N’est-elle pas paradoxale, diront certains? Les anglophones du Québec ne répètent-ils pas qu’ils parlent français plus que jamais et qu’ils acceptent le principe de la loi 101? Mais c’est peut-être ce qu’on entend par «accepter la loi 101» qu’il faut préciser. Accepter la loi 101, cela ne devrait pas seulement vouloir dire qu’on accepte qu’on parle français au Québec et qu’on s’en accommode, mais bien qu’on accepte que le français structure la vie sociale et la vie de la collectivité et qu’il s’agisse de la langue commune.