Un défilé contre la «pétrocratie» canadienne

Pauline Gravel | LE DEVOIR

Sous un soleil radieux, et arborant des drapeaux des patriotes et du Québec, environ un millier de personnes ont défilé hier après-midi dans les rues du centre-ville de Montréal pour souligner la Journée nationale des patriotes. Cette marche organisée par la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal et le réseau Cap sur l’indépendance (RCI) avait pour thème « Non à la pétrocratie canadienne ! ». Au départ de cette marche étaient présents notamment le président général de la SSJB, Maxime Laporte, l’ancien premier ministre du Québec M. Bernard Landry, le président du Bloc québécois, M. Mario Beaulieu, ainsi que des représentants des Premières Nations et des communautés palestinenne et kabyle.

image
Un millier de personnes ont défilé lundi après-midi à Montréal pour souligner la Journée nationale des patriotes.

 

« Nous avons inventé ce néologisme de pétrocratie pour souligner le fait que nous sommes gouvernés par des intérêts liés à l’industrie des sables bitumineux. Tous les grands partis fédéralistes à Ottawa, même ceux se disant progressistes, comme le NPD, appuient cette pétrocratie, qui veut imposer aux Québécois et aux Premières Nations la construction de l’oléoduc Énergie Est sur notre territoire. Aujourd’hui, on ne se contente pas seulement de commémorer les patriotes, nous voulons réactualiser leur combat et le poursuivre. Nous voulons nous inspirer des patriotes qui réclamaient que le peuple soit maître de son avenir et de son territoire et qu’il se gouverne lui-même plutôt que [d’être gouverné] par une autorité tierce », a déclaré Maxime Laporte, qui dans un discours enflammé, incluant la lecture du testament de François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier, a souligné qu’il avait choisi comme lieu de rassemblement la place du Canada, sur le carré Dorchester, car des patriotes y ont été enterrés après la révolte de 1837-1838.

 

Pour le président du BQ, Mario Beaulieu, « le mouvement des patriotes était avant tout un mouvement républicain, plus qu’indépendantiste ». « Les patriotes se sont battus pour des droits égaux pour les Canadiens français », a-t-il expliqué au Devoir. « Robert Nelson a rédigé une déclaration d’indépendance parce que les gens voulaient s’autodéterminer en tant que peuple, et cela reste à faire. Nous le voyons avec la pétrocratie canadienne qui veut nous imposer un pipeline qui va devenir l’autoroute du pétrole bitumineux alors que l’économie du Québec repose beaucoup plus sur les énergies renouvelables. Ce projet de TransCanada n’est avantageux pour le Québec ni économiquement ni environnementalement. La meilleure façon pour le Québec de décider lui-même de ce qui passe sur son territoire et de sa politique environnementale, c’est l’indépendance du Québec. »

 

« Symbole rétrograde »

Portant la ceinture fléchée, M. Bernard Landry a rappelé au Devoir qu’il avait été l’initiateur de la Fête nationale des patriotes dans le but d’éliminer « ce symbole rétrograde qu’est celui de la reine Victoria, en tout respect pour les personnes ». « On veut une démocratie, une république, pas une monarchie ! Et c’est justement ce que voulaient aussi donner les patriotes : la liberté et l’indépendance », a-t-il souligné. « L’indépendance demeure une priorité et le destin de notre peuple. Il faut faire l’indépendance le plus vite possible parce que la mondialisation progresse et fait reculer notre démocratie alors que le Canada parle en notre nom dans des endroits fondamentaux où nous devons être présents. C’est nous qui devons parler, surtout en matière d’environnement, pas le Canada qui passe pour le cancre de la planète. »

 

La fin de la marche a été marquée par plusieurs discours, notamment par celui de Robin Philpot qui est le premier Québécois d’origine canadienne-anglaise à être décoré du titre de Patriote de l’année.

 

SOURCE