Alors que la métropole s’apprête à célébrer le 375e anniversaire de sa fondation, le chroniqueur Gilles Proulx signe Montréal: 60 évènements qui ont marqué l’histoire de la métropole, un livre qui se veut un antidote à la culture de l’instantané.
Pour certains, l’histoire est une accumulation de dates poussiéreuses. Pour Gilles Proulx, le passé constitue une source inépuisable d’émerveillement.
«Pendant l’écriture du livre, j’ai pris la pleine mesure de certaines figures méconnues comme Irma Levasseur. La fondatrice de l’hôpital Sainte-Justine, qui a longtemps souffert du machisme, a mené une carrière remarquable. Je me demande pourquoi aucun réalisateur n’a encore transposé sa vie au cinéma.»
Dans Montréal: 60 évènements, Gilles Proulx décrit avec sa verve habituelle les grands et les petits évènements qui ont marqué les Montréalais, que ce soit leur adulation du Canadien ou l’invention de la souffleuse. L’ex-animateur radio prend un malin plaisir à renvoyer le lecteur à des thèmes qui font toujours la manchette.
Le mauvais traitement que la société inflige aujourd’hui aux animaux de compagnie démontre que l’histoire ne manque pas d’ironie. Comme le rappelle l’auteur, la métropole doit sa survie à une chienne! En 1647, des guerriers iroquois s’approchent de Ville-Marie pour la détruire. Sans les aboiements furieux de Pilote, la chienne du colon Lambert Closse, les habitants auraient été surpris et massacrés.
À l’image de Gilles Proulx, le livre ne verse pas dans le politiquement correct. L’auteur revient plusieurs fois sur les velléités assimilatrices des élites anglo-saxonnes et critique une certaine version de l’histoire qui cherche à rendre coupable la majorité francophone.
«L’ignorance l’emporte sur la logique, tranche-t-il. Les Québécois croient à tort que leurs ancêtres ont eu des comportements génocidaires face aux autochtones. Le chef Pontiac vient prouver le contraire en poursuivant le combat de Montcalm après la conquête. Ce grand chef rêvait de fonder une nation franco-amérindienne.»
L’histoire balayée sous le tapis ?
La publication de Montréal: 60 évènements, co-écrit avec le collègue Louis-Philippe Messier, survient quelques mois avant le 375e anniversaire de la métropole.
«Ces fêtes seront à l’image de notre gouvernement à Québec qui a enterré deux fois la réforme de l’enseignement de l’histoire au secondaire. Pas étonnant que le commun des mortels passe devant un monument sans savoir si le personnage historique qu’on honore était un livreur de pizza ou un héros.»
Gilles Proulx aurait souhaité par exemple que le balcon de l’hôtel de ville depuis lequel le général de Gaule a prononcé «Vive le Québec libre» soit nommé en son honneur ou encore que tous les taxis soient peints en bleu.
«Le commissaire aux célébrations du 375e Gilbert Rozon a balayé ça du revers de la main en disant qu’il faut regarder vers l’avenir. La commémoration de la fondation de Montréal va être noyée dans les effets pyrotechniques. Une fois que la fête sera finie, que restera-t-il?»