Cette semaine, le groupe de pression anglophone «Canadian Rights in Quebec» (CRITIQ) a orchestré une campagne de pression à l’égard des conseillers municipaux de Montréal dans l’objectif que la ville de Montréal ait un statut bilingue. Cette revendication correspond à une attaque en règle pour minoriser définitivement les usagers du français, autant dans leur langue maternelle que dans la langue d’usage et la langue de travail.
Les services gouvernementaux ont un rôle crucial à jouer dans l’accueil et la francisation des nouveaux arrivants. Quand des services gouvernementaux sont donnés en anglais, ils envoient alors le message que le Québec est un État bilingue où il n’est pas nécessaire de connaître le français. Le bilinguisme officiel, institutionnel ou social (et non pas individuel) favorise invariablement l’assimilation des langues minoritaires. C’est pourquoi, dans la plupart des États, des législations linguistiques établissent une langue officielle sur un territoire donné.
C’est avant tout à Montréal qu’il faut faire du français la langue publique commune. La région métropolitaine comprend près de la moitié de la population du Québec. Elle englobe près de 80 % de la population d’expression anglaise, héberge la direction de la plupart des grandes filiales étrangères et accueille plus de 85 % des nouveaux arrivants qui s’établissent au Québec. Le sort du français se joue donc à Montréal.
Le groupe CRITIQ considère la Charte de la langue française comme étant rétrograde sur le plan social, dommageable sur le plan de l’économie et en violation de la Charte canadienne des droits. Cela correspond à de la désinformation systématique, voire même à de la démagogie. L’aménagement linguistique québécois est beaucoup plus généreux envers la minorité anglo-québécoise que celui qui prévaut dans le reste du Canada pour les francophones. La Loi fédérale sur les langues officielles prescrit des services en français seulement là où le nombre le justifie, à partir de critères fondés sur les données du recensement. Étant donné que les francophones hors Québec ne constituent plus que 4,1 % de la population selon la langue maternelle (et que 2,5 % selon la langue parlée à la maison) et qu’ils sont éparpillés sur un énorme territoire, une grande partie d’entre eux ne reçoivent pratiquement aucun service en français. De plus, là où la Loi sur les langues officielles ne s’applique pas, comme dans les gouvernements provinciaux et municipaux, les services sont généralement offerts en anglais exclusivement.
Et ne perdons surtout pas de vue que le français, jadis florissant au Canada, a été au fil des décennies, notamment par des lois ethnocidaires iniques, constamment bafoué, réduit à une peau de chagrin et sans cesse fragilisé. Seul le Québec a pu résister à l’anglicisation qui le guette. Des groupes comme « Canadian Rights in Quebec », qui aspirent à faire basculer Montréal dans le bilinguisme institutionnel, participent à l’anglicisation. Loin de faire partie de la solution, ils font plutôt partie du problème.