Une question d’odeur

Par Michel David, dans Le Devoir, le 27 février 2014

Pour les francophones, qui ont sincèrement l’impression d’être très généreux envers les minorités, il n’en demeure pas moins incompréhensible que 51 % de leurs membres puissent même penser à quitter le Québec
Pour les francophones, qui ont sincèrement l’impression d’être très généreux envers les minorités, il n’en demeure pas moins incompréhensible que 51 % de leurs membres puissent même penser à quitter le Québec

 

[…] le « malaise » des Anglo-Québécois persiste, si on en croit le sondage Ekos-CBC réalisé entre le 10 et le 18 février. Une majorité de non-francophones (51 %) aurait même envisagé de quitter le Québec au cours de la dernière année.

Outre l’état de l’économie, le débat sur la charte de laïcité, qui inquiète aussi bon nombre de francophones, et surtout l’éventualité de l’élection d’un gouvernement péquiste majoritaire suscitent sans doute de l’angoisse chez plusieurs, mais cela n’explique pas tout. Il y a très exactement un an, alors que le PQ était au plus bas et que personne ne parlait de laïcité, un autre sondage Ekos-CBC révélait déjà que 42 % des non-francophones avaient songé à partir après l’élection du 4 septembre 2012.

[…] Dans un texte publié dans Le Devoir, le directeur des programmes de démographie à l’Institut national de la recherche scientifique, Alain Bélanger, avait qualifié cette étude de « trompeuse » et démontré que le nombre de sortants pour les trois premiers trimestres de 2013 était même inférieur à ce qu’il avait été durant la période correspondante en 2000, 2001, 2002, 2006, 2007 et 2008.

Il n’est pas question de nier la réalité, ni la légitimité du malaise que les anglophones et les allophones peuvent ressentir. Pour les francophones, qui ont sincèrement l’impression d’être très généreux envers les minorités, il n’en demeure pas moins incompréhensible que 51 % de leurs membres puissent même penser à quitter le Québec.

[…] Depuis la fondation du PQ, Gérald Godin a sans doute été celui qui a fait les plus grands efforts pour rapprocher les différentes composantes de la société québécoise. Un jour où l’opposition libérale lui reprochait son insensibilité aux doléances des anglophones, il n’avait pu retenir son exaspération. « S’ils ne peuvent pas nous sentir, qu’ils s’en aillent, parce qu’on ne changera pas d’odeur », avait-il lancé.

 […]

Lire le texte complet