La manifestation du «Unity Group» du 9 novembre vise à dénigrer les Québécoises et les Québécois

Le « Unity Group » de Montréal  organise une manifestation le 9 novembre à Gatineau pour dénoncer et réclamer le congédiement d’un employé qui, selon lui, aurait interpellé un patient de façon inadéquate en lui demandant de parler en français. La direction a suspendu cet employé. Par ailleurs, le plaignant a précisé que l’allusion à la langue était accessoire à l’altercation avec l’infirmier (qui s’exprimait aussi en anglais), et que l’institution a offert de bons services à cet égard.

L’objectif de notre intervention n’est pas de nous ingérer dans le processus d’enquête relié à ce dossier, mais de dénoncer l’utilisation que fait le Unity Group de ce cas isolé en le dramatisant afin de diffuser sa propagande antifrancophone.  L’invitation à la manifestation mentionne que « cet employé doit être congédié » en ajoutant qu’un « ancien combattant mourant et sa famille ont été agressés verbalement par le personnel de l’hôpital de Gatineau parce qu’ils parlaient anglais! »

Unity group

Si des manifestations étaient organisées chaque fois qu’un patient francophone n’est pas reçu en français par un employé dans les établissements de santé du Canada, il y aurait plusieurs centaines de manifestations par jour!  Imaginons que tous les employés des services de santé du Canada anglais qui accueillent les patients francophones en anglais doivent, eux aussi, être « renvoyés ».

Au Canada hors Québec, ce sont plutôt des manifestations contre l’embauche de travailleurs qui peuvent donner des services en français qui sont organisées. Qu’on pense au débat linguistique qui a récemment fait rage en Ontario, à Cornwall. Dans cette région qui compte 30% de francophones, les manifestants revendiquaient l’abolition des critères de bilinguisme qui pourraient, selon eux, défavoriser les anglophones. On allègue fréquemment que le français institutionnel coûte trop cher aux contribuables canadiens. Des groupes comme l’Anglo Society au Nouveau-Brunswick s’attaquent avec véhémence aux services gouvernementaux en français. En fait, cinquante ans après l’adoption du bilinguisme officiel, le Canada anglais est toujours réfractaire à la langue française.

Même au Québec, il y a de nombreux travailleurs et travailleuses de la santé qui n’accueillent pas leurs clients en français. La dernière étude de l’Office québécoise de la langue française (OQLF) sur les services en français dans les établissements de santé « bilingues » de Montréal a révélé que, sur une période de six mois, c’est plus de 10 000 personnes (18 % de l’échantillon) qui auraient été en contact, à un moment ou à un autre, avec du personnel ne connaissant pas suffisamment le français pour offrir le service dans cette langue.

Alors, que penser de cette manifestation du Unity Group visant à attirer l’attention des médias pour faire congédier un préposé qui a demandé qu’on lui parle en français? En réalité, ce qui semble soulever l’ire du Unity group, c’est que le français puisse être la véritable langue commune des Québécoises et des Québécois. Ce groupe ouvertement partitionniste, qui dit être affilié au « Special Committee for Canadian Unity » avec Bill Johnson, Keith Henderson, Brent Tyler et Peter Goldring, revendique un Québec bilingue et veut remettre le Canada dans le Québec (« To put Canada back into Quebec »). En somme, ils veulent remettre le Québec à sa place, une place de minoritaire.

Il est plus que temps d’arrêter de nous laisser berner par ce type de discours de culpabilisation et d’intimidation, et de le dénoncer haut et fort.

Mario Beaulieu, président de la SSJBM et du Mouvement Québec français

Jean-Paul Perreault, président d’Impératif français