Montréal, 26 arvril 2011 – On peut comprendre que certains tenants de la gauche pour qui l’indépendance et l’avenir du français au Québec sont des objectifs secondaires soient tentés de voter pour le NPD. Mais il faut bien réaliser que ce parti, tout comme les autres partis fédéralistes, prétend réaliser la quadrature du cercle, c’est-à-dire favoriser l’autonomie du Québec sans changer le cadre fédéral, lequel implique la subordination de la Nation québécoise à la majorité canadienne-anglaise.
Le NPD a tenté de se montrer favorable à la défense du français en appuyant le projet de loi du Bloc Québécois qui exigeait que la loi 101 soit respectée par les institutions fédérales, de la même façon que la loi sur le salaire minimum est respectée par les institutions fédérales. Puis il s’est dissocié de ce projet de loi en reprenant l’argumentation des libéraux. Les néo-démocrates ont proposé un autre projet de loi alambiqué et amoindri pour ne pas indisposer la majorité canadienne-anglaise. En vertu du projet de loi du NPD, les entreprises sous juridiction fédérale devaient répondre au code canadien du travail légèrement amendé plutôt qu’à la loi 101. Thomas Mulcair a même accusé les bloquistes d’avoir intentionnellement voulu rendre son projet de loi inacceptable en s’attaquant à la sacro-sainte Loi fédérale sur les langues officielles.
Dans la bataille contre les écoles-passerelles, M. Mulcair a fait mine d’être outré par le jugement de la Cour suprême invalidant la loi 104. Le NPD a accepté de faire partie de la Coalition contre la loi 103, mais en précisant être contre l’utilisation de la clause dérogatoire. Par la suite, il s’est dissocié de la principale revendication de la Coalition, soit d’appliquer la loi 101 aux écoles privées.
Comme c’est le cas de tous les partis fédéralistes, la défense du français du NPD est un miroir aux alouettes. Il faut dire que le seul député du NPD au Québec, Thomas Mulcair poursuit un parcours politique pour le moins sinueux, et particulièrement en ce qui concerne la question linguistique. Il a été le directeur des affaires juridiques du groupe de pression anglophone Alliance Quebec qui visait à affaiblir l’application de la loi 101, après avoir bénéficié d’un emploi où il était payé pour la défendre comme avocat au Conseil de la langue française. Il est ensuite devenu un député libéral férocement fédéraliste pour changer de nouveau de parcours et assumer le rôle de lieutenant débonnaire du NPD au Québec.
Ni le NPD ni aucun des partis fédéralistes ne dénonce le fait que la loi 101 a été charcutée dans tous ses secteurs d’application par la Cour suprême, dont tous les juges sont nommés par le gouvernement fédéral, par des programmes fédéraux qui imposent le bilinguisme et par des groupes de pression anglophones financés par Ottawa. Et ces attaques ont été décuplées par le biais de la constitution de 1982 imposée de force par les députés du Canada anglais (incluant le NPD) avec l’appui des 74 députés libéraux fédéraux du Québec.
Le gouvernement fédéral intervient de plus en plus lourdement pour affaiblir le français au Québec. Les subventions fédérales favorisent systématiquement les institutions anglophones au Québec. Un rapport du Comité sénatorial du Canada sur les langues officielles proposait récemment d’intensifier l’ingérence fédérale pour appuyer les communautés anglophones du Québec. Ce rapport a été dénoncé par le Bloc mais tenu sous silence par le NPD et les autres partis fédéralistes.
Le gouvernement du Canada anglais continue à commanditer à coup de millions de dollars les groupes de pression anglophones comme le Quebec Community Group Network (QCGN), successeur d’Alliance Quebec, ou encore des organismes de propagande comme l’Association des études canadiennes. Nous aimerions bien en entendre davantage sur ce que tous les partis fédéraux ont à dire à cet égard.
En fait, au moment où le français est menacé plus que jamais dans la grande région montréalaise et où il ne reste que 2,5 % d’usagers du français dans le Rest Of Canada: il est crucial de ne pas affaiblir la représentation du Québec à Ottawa. Pour exister et vivre en tant que peuple, les Québécois n’ont d’autre choix que de réaliser collectivement leur indépendance ou d’accepter leur assimilation lente et inexorable.
Mario Beaulieu
Président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
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