décembre 2011

Le maire Jean Drapeau me manque

Chroniques de Gilles Proulx publié dans le Journal de Montréal le 31 décembre 2011

Il n’y a pas que le Canadien qui va mal à Montréal. À l’avant-garde de la «louisianisation» du petit Québec qui refuse de devenir grand, la terne et grise métropole n’a de cesse de nous étonner par son pouvoir de stagnation. Prévoyons que 2012 sera pire que 2011. Avec sa cacophonie d’arrondissements, de conseillers innombrables et de commandos de la contravention chargés de pelleter de l’argent vers les mirobolants fonds de pension de nos pompiers, policiers et autres fonctionnaires, l’éléphant blanc de la fusion municipale pédale sur place sur son Bixi (sans pourtant maigrir).

On est bien obligé de comparer l’équipe de Gérald «Gerry» Tremblay à celle des lamentables Canadiens de Montréal… qui ne sont pas plus montréalais ou canadiens que ça! Montréal attire les «quêteux» des autres provinces, ce qui contribue à améliorer l’image de notre belle ville redevenue anglaise.

En démissionnant de son rôle de métropole proprement québécoise (au nom du multiculturalisme), Montréal s’est condamnée à l’insignifiance historique. Elle paie aujourd’hui le prix de sa trahison. Elle a refusé sa destinée particulière en se coupant de ses racines? Elle se rend compte qu’elle devient une banale banlieue de Toronto. On pourrait dire que c’est bien fait pour elle. Hélas! Notre métropole pourrait bien entraîner tout le Québec avec elle dans sa chute.

2012…la lumière au bout du tunnel

Article d’Henri Marineau, publié dans Québec Hebdo le 30 décembre 2011

Il est loin le temps où Pierre Bourgault lançait son livre « Maintenant ou jamais », publié chez Stanké en 1990. À titre de rappel, je vous suggère cet extrait de son introduction :

« Dans les années soixante-dix, nous nous sommes emmêlés dans des stratégies compliquées et souvent contradictoires. Les stratégies étaient devenues l’objectif plutôt que le moyen et les analyses les plus pointues oubliaient constamment les forces en présence et la dure réalité politique…À tel point que nous avions fini par oublier le but que nous nous étions fixé et que nous allions par tous les chemins vers nulle part…Or, si nous voulons éviter de retomber dans les mêmes ornières, nous devons constamment garder à l’esprit notre objectif et le rappeler sans cesse à tous ceux et celles qui veulent bien nous entendre. »

Lettres – Le grand art du divertissement

Lettre d’opinion de Danielle Beaulieu publié dans Le Devoir le 30 décembre 2011

Le gouvernement conservateur canadien mériterait d’être primé pour ses talents de mise en scène et pour sa maîtrise des mécanismes de manipulation de l’opinion publique.

Régulièrement, il sort de son chapeau une pomme de discorde qui mobilise les médias et sème la controverse parmi la population, surtout québécoise. Le plus souvent, les enjeux sont insignifiants (pas toujours, toutefois), mais ont l’art d’allumer l’étincelle de la colère et de l’indignation. Des exemples? Les portraits de la Reine mur à mur, l’embauche d’unilingues anglophones à des postes stratégiques, l’abolition du caractère obligatoire de répondre au questionnaire long du dernier recensement, les défilés militaires à répétition (fêter la victoire en Lybie!), la volonté de placarder le drapeau canadien partout où il peut être visible et la criminalisation de toute restriction à ce sujet, la commémoration de la guerre de 1812 à des fins politiques et j’en passe.

Pendant ce temps, dans le secret, ce même gouvernement s’active à mener des négociations opaques sur un nouveau périmètre de sécurité avec les États-Unis, au-dessus de la tête du Parlement; il négocie, encore en douce, des ententes de libre-échange ou des accords fiscaux avec des pays douteux; il exerce un puissant lobbying en Europe pour faire reconnaître comme inoffensif son pétrole sale; etc.

Pendant donc que les ministres conservateurs font étalage de leur mépris de la science et des experts, force nous est de constater qu’ils pourraient donner des leçons de grand maître dans l’art de distraire avec des platitudes pour mieux déplacer l’attention sur celles-ci et tenir dans l’ombre ce qui est en train de modifier profondément le visage du Canada et d’affecter durablement sa réputation.

Vivement que nous nous libérions de telles basses manoeuvres et de ce pays en déroute. Il n’y a pas trente-six alternatives.

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Danielle Beaulieu – Montréal, le 28 décembre 2011

Lettres – La grande guignolée de M. Harper

Lettre d’opinion de Jean-Marc Lord – Bécancour, publié dans Le Devoir le 30 décembre 2011

Nous avons été nombreux à donner généreusement de l’argent, des denrées ou du temps lors des différentes guignolées des dernières semaines. C’est là l’expression d’une solidarité sociale bien sentie.

En cette période de guignolée, le premier ministre Harper ne voulait évidemment pas être en reste. En effet, le 1er janvier 2012, le taux de l’impôt des compagnies passe de 16,5 % à 15 %, ce qui paraît minime à première vue. Mais quand on sait que cette nouvelle baisse d’impôt pour les grandes compagnies leur fera économiser, ensemble, plus de 4 milliards $ par année, on comprend que les organisateurs des guignolées se sentent jaloux. Ou peut-être même insultés?

Réformes démocratiques – Des tentatives étouffées par le cadre canadien

Article d’André Binette publié dans Le Devoir le 30 décembre 2011

Assemblée constituante québécoise

Une assemblée constituante québécoise serait par définition inconstitutionnelle si elle prétendait être décisionnelle, passer outre à l’Assemblée nationale et ignorer le cadre constitutionnel canadien. Ses décisions ne pourraient être effectives que si la souveraineté était réalisée. Elle pourrait siéger, délibérer et adopter des textes avant le passage à la souveraineté, mais ceux-ci n’auraient aucune valeur juridique dans le cadre de la Constitution canadienne.

Photo devoir

Impossible d’abolir la monarchie constitutionnelle

On sait que pour abolir la monarchie, il faut l’unanimité des dix provinces et du Parlement fédéral selon la Loi constitutionnelle de 1982. Les fonctions de gouverneur général du Canada et de lieutenant-gouverneur du Québec ne peuvent donc être abolies avant l’accession du Québec à la souveraineté. Quelle que soit son ampleur, aucune réforme de nos institutions politiques dans le cadre canadien ne permettrait de remplacer le lieutenant-gouverneur, qui est nommé par le gouvernement fédéral et dont la signature est une condition incontournable de la validité de toutes les lois du Québec en droit canadien.

Impossible d’abolir le régime parlementaire de type britannique

La monarchie canadienne n’est pas qu’un symbole vain et coûteux. Juridiquement, elle sert de fondement au principe du gouvernement responsable qui est au coeur de notre régime parlementaire. C’est ce qui se dégage clairement d’un jugement de la Cour suprême rendu en 1987 dans l’affaire SEFPO c. Ontario.

Debout

Chronique de Richard Martineau, Journal de Montréal et Canoe.ca, le 25 décembre 2011

Après avoir lu ma chronique de mercredi, ma blonde m’a dit : « Après avoir pourfendu ceux qui se mettent à plat ventre, pourquoi ne pas célébrer ceux qui se tiennent debout ? » D’accord, voici ma liste.
En première position : Djemila Benhabib, qui se tient debout depuis des années contre les fondamentalistes religieux et leurs idiots utiles.
Deuxièmement : Jasmin Roy, qui encourage les jeunes à se tenir debout contre les intimidateurs.
Troisièmement : Mario Beaulieu de la Société Saint-Jean-Baptiste.

Qu’importe si pour certains, défendre le français est ringard, comme danser le rigodon ou chiquer de la babiche — j’aime qu’en Italie, on parle italien, qu’au Japon, on parle japonais, et que dans la deuxième ville francophone du monde, on ne m’aborde pas en disant « Bonjour, Hi », mais simplement « Bonjour ». Dit-on « Hi, bonjour » à Toronto ?

Salir et trahir le Québec

Article de Le Voisin publié dans Le Globe.ca le 25 décembre 2011

En cette période de déprime politique, René Lévesque est un phare qui nous démontre qu’il est possible de nous sortir d’une période de grande noirceur. Car détrompez-vous, bien que la grande noirceur ait bel et bien existé – il suffit de lire Refus global de Paul-Émile Borduas pour s’en convaincre – cette grande noirceur donc, n’est pas que cette période que l’on a aussi assombrie, la grande noirceur est de retour ! Aujourd’hui, les conservateurs à Ottawa méprisent la culture, commencent à censurer ce qui ne fait pas leur affaire (en matière financière ou en matière de morale) en nous ré-imposant la monarchie et l’obscurantisme pollueur de leur programme doctrinaire tout en fragilisant notre démocratie parlementaire…

De Maisonneuve à Sir Newhouse

Chroniques Gilles Proulx publié dans le Journal de Montréal le 23 décembre 2011

Le nouveau Canadien de Montréal est à l’image et à la res-semblance de ce qu’est devenue son ancienne maison : le Forum Pepsi. Il y a eu métamorphose pour le pire.

Notre temple du hockey est devenu un vulgaire hangar à gugusses où l’on a l’impression de s’être égaré quelque part dans le Laval ou le Brossard commercial. Pareillement, l’équipe a perdu son âme. Au moment de son déménagement, les fantômes n’ont pas suivi.

Quel rapport entre la Sainte-Flanelle du temps de Maurice Richard et la concession qui s’est expurgée volontairement de ses Québécois ? Aucun. Le Canadien de Montréal n’existe plus. Cette équipe pourrait être celle de Cincinnati. Les joueurs du CH se sentiraient autant chez eux là-bas que chez nous.

L’autre semaine, je vous avais promis de vous dévoiler mon programme idéal pour souligner le 370e anniversaire de la Montreal City, qui a vu le jour le 18 mai 1642. C’est alors qu’arrivaient chez nous Maisonneuve, Vimont, Jeanne-Mance, Marguerite-Bourgeoys et compagnie. J’aurais imaginé un immense défilé qui partirait du stade olympique dans l’Est pour aller jusqu’à l’ancien Forum dans l’Ouest, puisque notre (ancienne) équipe de hockey y a gagné toutes ses coupes Stanley.

MOURIR PENDANT 370 ANS…

Revue de presse – Le nouveau fédéralisme et autres sujets de réflexion

Québec et le ROC

Toujours dans le Globe and Mail, Jeffrey Simpson attire l’attention de ses lecteurs sur la mise en veilleuse de l’option souverainiste. Il ne cherche pas à les bercer d’illusions. «Pour la première fois depuis des décennies, le Canada ne vit pas avec le spectre de la sécession du Québec», mais cela ne présage rien, prévient-il. «La fierté forte et justifiée des Québécois francophones a toujours servi à définir la province. Cette fierté peut prendre différentes formes et aller dans diverses directions. Personne ne peut prédire ce qui adviendrait si cette fierté était blessée ou menacée.» Mais en cette fin d’année 2011, le bilan est clair. Le Bloc québécois a été décimé après avoir dominé pendant six élections. Le Parti québécois est déchiré et en baisse dans les sondages. C’est la Coalition avenir Québec qui domine, un parti qui promet de laisser la question constitutionnelle en suspens pendant dix ans. Simpson n’innove pas en déduisant que les Québécois ont soif de changement et il ne prétend pas pouvoir cerner le genre de changement désiré, mais il note cette volonté de prendre une pause du «débat existentiel» sur la question nationale. Si tel est le cas, dit-il, «il s’agit d’une position révolutionnaire au Québec. Tous les gouvernements provinciaux depuis la Révolution tranquille […] ont toujours demandé des changements constitutionnels». Mais voilà, le reste du Canada a fini par se lasser et la fatigue a apparemment gagné le Québec, pour qui le reste du pays «ne représente plus une menace». En revanche, Stephen Harper, qui aime se vanter d’avoir contribué à la défaite du Bloc, poursuit des politiques — justice musclée, indifférence à l’égard des changements climatiques, élimination du registre des armes d’épaule — qui sont très impopulaires dans la province, avertit Simpson. «Peut-être que le premier ministre, qui a gagné sans le Québec la dernière fois, regarde les nouveaux sièges créés à l’extérieur de la province et croit qu’il sera facile de le refaire», conclut-il sans trop se mouiller.

Joyeux Noël et Bonne année 2012 !

Chers membres, sympathisantes et sympathisants de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal,
Le sens de la fête et des réjouissances est au tréfonds de la culture québécoise. Il nous ramène à l’essentiel, à la plénitude de l’existence, à l’amour et à la liberté. C’est ce que j’ai l’honneur de vous souhaiter au nom de notre auguste société.
Je vous dit 101 fois merci pour votre appui et toutes les actions que vous avez posé au cours de l’année 2011pour notre objectif commun : un Québec qui se souvient, qui s’affirme, qui assume sa liberté, qui veut naître au monde!
Ensemble, malgré toutes les apparences, nous avançons et notre détermination collective se renforce. Et comme le disait Alain Stanké « Se battre pour une cause juste, n’est-ce pas déjà une victoire?»

Noel

Redevenir une province ?

Article de Christian Rioux publié dans Le Devoir et sur Vigile.net le 23 décembre 2011

L’année 2011 passera-t-elle à l’histoire comme celle où le Québec est redevenu une province ? Vous me direz qu’il en a toujours été une. D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai pourtant jamais perçu le Québec ainsi. Il m’a toujours semblé que cette terre avait toutes les caractéristiques, sinon d’un pays, du moins de quelque chose qui pouvait y ressembler. On ne savait pas quand on y arriverait, mais on savait qu’on y allait. Comme dans une chanson de Vigneault. Cette assurance nous suffisait. Même que de nombreux fédéralistes pensaient la même chose. Dans ma famille, on utilisait toutes les périphrases pour éviter de prononcer le mot « province ». J’avais une mère un peu originale qui, au lieu du « P.Q. » de la chanson de Ferland, se plaisait à écrire « État du Québec » sur sa correspondance en guise de défi à tous les provinciaux dont elle avait horreur.

En survolant les grands et petits débats qui ont agité notre peuple en cette année 2011, on ne m’enlèvera pas de l’esprit le sentiment désagréable et diffus que nous sommes lentement en train de redevenir une province. S’il en fallait une preuve, une seule, je crois que l’élection d’une députée unilingue anglaise dans la belle région de Berthier, que je visite chaque année, en fournirait une. La preuve est si éclatante qu’il ne s’est trouvé personne, parmi ce peuple tétanisé où chacun est pourtant devenu chroniqueur, pour réclamer la démission d’un élu incapable de communier à la culture de ses commettants. Et donc d’être l’ombre d’un député !

Jubilé de la reine: les conservateurs tentent de conscrire les députés

Article de Joël-Denis Bellavance et Vincent Marissal publié dans La Presse le 23 décembre 2011

Le gouvernement Harper tient à célébrer avec faste le 60e anniversaire de l’accession au trône de la reine Élisabeth II et tente de conscrire tous les députés et sénateurs dans une opération visant à faire mousser l’enthousiasme chez les Canadiens pour ce fait d’armes, a appris La Presse.

Le ministre du Patrimoine, James Moore, a récemment fait parvenir aux députés de toutes les allégeances politiques, y compris ceux du Bloc québécois, une trousse de matériel promotionnel visant à souligner le jubilé de diamant de la reine en 2012. Tous les députés du Québec, où la monarchie est la moins populaire, ont également reçu le colis du ministre du Patrimoine.

photo La Presse