janvier 2012

Le Jour du drapeau commémoré par les forces souverainistes

Article de François Gougeon publié dans La Tribune le 17 janvier 2012

Le Jour du drapeau du Québec, le 21 janvier, sera commémoré pour la première fois à Sherbrooke par la section estrienne du Conseil de la souveraineté du Québec.

photo la tribune

Cela se fera sous la forme de la diffusion du film documentaire de Hugo Latulippe intitulé « République : un abécédaire populaire », suivi d’une discussion et présenté dans la salle du Tremplin 16-30, rue Wellington sud.

Le slameur sherbrookois et porte-parole du Conseil de la souveraineté du Québec en Estrie, David Goudreault, le candidat de Québec Solidaire dans Sherbrooke en 2008, Christian Bibeau et le député péquiste de Jonhson, Étienne-Alexis Boucher, étaient sur la même tribune pour présenter ce projet.

Marois vise une grande coalition souverainiste

Article de Robert Dutrisac publié dans Le Devoir le 18 janvier 2012

Le PQ mène des discussions avec Québec solidaire depuis des mois, a appris Le Devoir

«Depuis l’automne, il y a des discussions avec QS avec lesquelles Mme Marois est tout à fait d’accord», a-t-on confié hier.

Dans une entrevue au Devoir publiée samedi, Bernard Drainville affirmait que le PQ risquait de disparaître s’il ne ramenait pas les démissionnaires au bercail et s’il ne faisait pas une alliance avec QS. «On travaille là-dessus», a-t-on soutenu hier, laissant entendre que la sortie du député était superfétatoire.

«L’objectif, c’est qu’on ait le plus grand nombre possible de députés souverainistes à l’Assemblée nationale», a-t-on fait valoir. Le but, c’est de former «la plus grande coalition de souverainistes possible».

La formation de cette «coalition de souverainistes» passe aussi par le retour au PQ de certains démissionnaires. Avant Noël, Pauline Marois a rencontré Pierre Curzi et Louise Beaudoin. La chef péquiste a revu Louise Beaudoin récemment. «La porte leur est grande ouverte s’ils veulent revenir», assure-t-on.

«Le Québec est dans une situation problématique où il lutte aussi pour sa survie…»

Article de Mame Aly KONTE publié dans le SudOnLine (Drakar) le 18 janvier 2012

photo Drakar

Tout ce que vous dites là, les gens ne les ont pas toujours avant de venir ici ?

Ils ne l’ont pas forcément. Même s’il y a parmi eux certains qui ont la capacité de s’adapter à de telles situations. Il y a certains qui peuvent être encadrés en organisant leur venue, mais il y en a beaucoup qui arrivent au Canada et qui se rendent compte que la réalité n’est pas la même que celle qu’ils avaient imaginée au départ ou qu’on leur avait décrite.

Quand vous parliez de la question liée à l’âge, vous avez souligné que l’âge idéal devrait s’arrêter aux alentours de 35 ans. Ce qu’on constate cependant est que de plus en plus de gens âgés de 40 voir 50 ans ou plus, arrivent au Canada.
Oui, j’ai pensé à cette classe d’âge. Parce que quand on regarde au niveau de l’âge, on dit par exemple 35 ans, 37 ans au maximum, parce qu’on sait que ce sont des gens qui vont faire l’effort de recommencer à « zéro » ou de pouvoir s’adapter rapidement à la nouvelle tendance qu’ils ont choisie. Mais celui qui a 40 ans voire 45 ans, il avait une situation confortable pré-migratoire (voiture de fonction, femme de ménage, toutes les conditions réunies pour mener une vie tranquille) ; et que parfois il a du mal à faire ce qu’on appelle le deuil professionnel. Dés son arrivée, il se rend compte tout de suite que la réalité est plus difficile. S’il vient en famille, il doit trouver une place en garderie pour chacun de ses enfants. Si on lui demande de retourner à l’école parfois, c’est souvent un choc qu’il ressent parce qu’il a été sélectionné sur la base de ses compétences. Alors que le jeune qui arrive se dit « j’ai mon avenir devant moi, je suis capable de recommencer à zéro » ; ce qui n’est pas le cas de celui qui est âgé qui a acquis une solide expérience dans son pays d’origine. Cette personne expérimentée subit un double choc culturel et professionnel. Elle n’était pas informée de la réalité qu’elle allait trouver sur place ou semblait l’ignorer ou avait fait le choix pour assurer l’avenir de ses enfants. Les gens ont parfois des attentes irréalistes par rapport au marché du travail québécois. L’image idyllique qu’ils avaient de la société avant leur arrivée risque de leur jouer un mauvais tour s’ils ne prennent pas le temps de bien s’informer sur les réalités socioculturelles de la société d’accueil.

Transferts en santé – Harper ferme la porte aux provinces

Article de Guillaume Bourgault-Coté publié dans Le Devoir le 17 janvier 2012

Le 19 décembre dernier, le gouvernement avait surpris les provinces en déposant — sans discussion — le plan des transferts qu’il leur accordera pour financer le système de santé entre 2014 et 2024. L’accord actuel liant Ottawa aux provinces vient à échéance dans deux ans. Il prévoyait une augmentation annuelle des transferts de 6 %.

photo le devoir

La proposition du gouvernement Harper maintient cette augmentation de 6 % entre 2014 et 2017. Mais le niveau de croissance des transferts sera ensuite arrimé à la croissance économique du pays, avec un taux plancher de 3 %.

Or, depuis 1998, le taux de croissance des dépenses des provinces n’a jamais été inférieur à 6,3 %, sauf en 2011 (3,2 %). Le plan d’Ottawa aura donc vraisemblablement pour effet d’obliger les provinces à débourser davantage pour maintenir le niveau de services.

Autre nouveauté: le gouvernement fédéral change la méthode de financement, qui sera dorénavant égal par habitant. Québec estime que cette nouvelle méthode lui coûtera environ 200 millions, alors que l’Alberta touchera près d’un milliard de plus.

Selon Stephen Harper, la décision d’Ottawa assure un financement qui «va demeurer stable et prévisible dans le long terme», a-t-il défendu dans une autre entrevue accordée hier, cette fois à Radio-Canada. «Évidemment, j’espère qu’avec cette formule les provinces pourront se concentrer sur le système et les réformes nécessaires pour s’assurer que les services seront là pour nous tous dans le futur.»

Le premier ministre a aussi fait valoir que son gouvernement «est le premier qui n’a pas l’intention d’équilibrer son budget en coupant dans les transferts aux provinces», et que la décision «respecte la compétence et la juridiction des provinces». «Nous n’avons pas l’intention d’imposer une vision fédérale sur un système qui est la compétence des autres», a-t-il ajouté.

Les provinces se réunissent pour faire front commun contre Ottawa

Article de Jessica Murphy publié dans le Journal de Montréal le 16 janvier 2012

Les premiers ministres du pays passeront les deux prochains jours à tenter de trouver une solution commune à présenter à Ottawa dans le dossier des soins de santé.

photo journal montreal

Les dirigeants provinciaux et territoriaux seront en début de semaine à Victoria, en Colombie-Britannique, pour élaborer une stratégie à la suite de la décision unilatérale d’Ottawa de dicter le cadre financier des soins de santé.

Les premiers ministres sont cependant divisés quant à savoir si cette entente est acceptable. Une ligne de fracture oppose les provinces de l’Ouest et de l’Est et du pays. L’Ontario fait partie des provinces qui ont fait part de leur mécontentement envers le plan fédéral.

Ottawa a choisi de court-circuiter en décembre ce qui s’annonçait comme de longues négociations sur les transferts en santé aux provinces, en dictant ses conditions. Les transferts continueront de croître de 6 % par année jusqu’en 2017, mais par la suite, la croissance des transferts sera liée à la croissance économique, incluant l’inflation, ce qui donnerait probablement une croissance avoisinant les 4 % par année.

« Cela a complètement changé la dynamique », estime Patrick Fafard de l’Université d’Ottawa, qui note que les provinces, plutôt que de faire front commun pour obtenir de l’argent supplémentaire d’Ottawa, sont maintenant aux prises avec des cibles plus aléatoires.

Une séparation amorcée

Article de Richard Gagné publié dans Le Soleil le 14 janvier 2012

Petits et grands gestes du gouvernement Harper font que le Canada se sépare chaque jour un peu plus du Québec et j’ose espérer que cela finira par un référendum conservateur rejetant l’infâme Québec. Quelle joie!

photo soleil

En effet, depuis le 2 mai dernier, on ne compte plus les politiques anti-Québec de Harper, mobilisant même des ministres québécois pourtant fédéralistes pour aller défendre à Ottawa les positions du Québec contre la loi C-10 sur la réforme du code criminel et contre l’abolition du Registre des armes à feu. On peut aussi évoquer l’attribution du contrat du siècle pour la construction de navires qui a échappé à la Davie sous le couvert d’un comité bidon derrière lequel Harper et ses ministres se sont cachés pour se justifier. Heureusement, Harper a été freiné par la Cour suprême dans le dossier de l’organisme canadien unique de contrôle des valeurs mobilières qu’il voulait imposer aux provinces et auquel le Québec s’opposait…

Les petits gestes peuvent sembler anodins mais sont tout aussi significatifs en illustrant aussi bien notre différence, si l’on tient compte de nos réactions par rapport à celles du reste du Canada (ROC), comme la mise en évidence de la Royauté dans les forces armées, la propagation de l’image de la Reine dans les édifices d’Harper et nos ambassades, dont le remplacement de deux tableaux du Québécois Alfred Pellan par un portrait de sa Majesté dans le foyer du ministère des Affaires étrangères à Ottawa sans aucune réaction du ROC, la visite de Kate et William, les démonstrations militaires à Ottawa pour les Forces de retour de Lybie et à l’été qui vient, la commémoration de la guerre de 1812 des Anglais contre les Américains, encore avec de la visite royale.

Je ne parle pas des modifications aux droits d’auteur, qui constituent un recul par rapport à la situation que l’on connaissait et contre lesquelles les artistes et créateurs québécois en particulier se sont mobilisés sans succès, ni des coupes à prévoir pour Radio-Canada…

Les Québécois, cependant, ont aussi posé un geste de séparation et je veux parler de l’élection des 59 députés du NPD qui deviendront majoritairement souverainistes après ces quatre années passées au Canada. Cela sera particulièrement vrai si M. Mulcair n’est pas élu chef de ce parti.

Tout cela mis ensemble conduit à notre souveraineté et il est souhaité que le Canada nous dise enfin de le quitter… Continuez, vous êtes sur la bonne voie, M. Harper.

Notre ami Mitt

Article de Michel David publié dans Le Devoir et sur Vigile le 17 janvier 2012

L’argument le plus souvent invoqué à la défense de Mme Marois est que les difficultés du PQ sont surtout dues à la baisse de faveur de l’option souverainiste, qui expliquerait aussi la défaite du Bloc québécois le 2 mai dernier.

Le sondage de Léger Marketing révèle pourtant une étonnante remontée de la souveraineté qui, à 43 %, est revenue à son niveau d’avril 2011, alors que le PQ est crédité de seulement 25 % des intentions de vote. La souveraineté ne serait donc pas le problème ?

L’existence d’une diaspora souverainiste, qui ne veut rien savoir du PQ, est précisément ce qui justifie cette alliance des souverainistes et des progressistes que Bernard Drainville appelait de ses voeux dans son entrevue au Devoir.

Par la voix de son attachée de presse, Mme Marois a fait savoir qu’une telle alliance ne l’intéressait pas. En fermant la porte, au lieu de laisser les militants péquistes en débattre librement, la chef péquiste se peinture dans le coin et en fait encore une fois une question de leadership.

Le conseil national de la fin du mois risque donc de donner lieu à un nouveau psychodrame. D’un côté, ceux qui, comme M. Drainville, voient dans une alliance « l’antidote » à la division du mouvement souverainiste ; de l’autre, ceux qui, comme son collègue de Drummond, Yves-François Blanchet, y voient un « piège naïf » tendu par Québec solidaire. Plus ça change…

LANGUE DE MOLIERE OU DE SHAKESPEARE AU QUEBEC ? (1er partie)

Entrevue de Mario Beaulieu avec d’Isidore Grao pour La Voix De Cartier publié le 16 janvier 2012

photo archive

IG : Pour revenir sur le référendum de 1995 alors que de nombreuses zones d’ombre ont émaillées le déroulement de ce vote, le « non » est passé d’extrême justesse. Ce qui n’était pas le cas pour le premier référendum. Donc on peut parler de demi-victoire, pourquoi ne pas avoir tenté à moyen terme, un nouveau référendum ? Que s’est-il donc passé ?

MB : Effectivement, on a constaté que l’appui à la souveraineté dans l’année qui a suivi le référendum, continuait d’augmenter. On est donc passé très près de la victoire. Et ce, malgré les milliers de certificats de citoyenneté qui avait été accordés aux nouveaux arrivants. Ce qui a manifestement aidé au « non ». Il y a eu aussi le dépassement des limites de financement permises et le changement de Premier Ministre. Pour rappel, M. Jacques Parizeau était Chef du Parti Québécois lors du référendum. Par la suite, ce fut Lucien Bouchard. Celui-ci avait fait une très belle performance pendant le référendum. Il était issu du parti conservateur, (parti fédéraliste), et était devenu fraichement souverainiste. Bouchard n’a fait aucune action pour relancer un éventuel référendum, aucune campagne. Ce fut plutôt la tendance inverse une stratégie qui visait à calmer le jeu. On nous répétait qu’il ne fallait pas réagir aux provocations du gouvernement fédéral qui faisait une campagne d’intimidation avec son plan B, et menaçait d’avoir recours à la partition du Québec. Monsieur Jean Chrétien répétait le slogan qui avait été utilisé par la Yougoslavie et la Bosnie en l’appliquant au Québec alors que cela était tout à fait contraire aux lois internationales. Plutôt que de réagir et de mobiliser la population, le Parti Québécois ne répondait pas à ces provocations là. M. Bouchard qui avait été aussi ministre responsable du dossier linguistique pour le gouvernement fédéral, était plutôt favorable au bilinguisme institutionnel. Il avait une position tout à fait contraire à celle que tenait le Parti québécois qui visait à ce que le français soit la seule langue officielle pour les services publics en aménagant des mesures d’exception pour la minorité historique d’anglophone. Donc tout cela a causé des conflits internes assez importants au parti Québécois. Il y a eu un congrès important en 1996 où Monsieur Lucien Bouchard déclare que si l’on réalisait le programme du parti québécois il ne pourrait plus se regarder dans le miroir. Donc il a fait retirer ce programme pour assurer l’avenir du français, y compris l’application de la loi 101 aux CEGEPS et l’abolition de la loi 86. Cette loi 86 avait affaiblie la charte de la langue française dans tous ses secteurs d’application depuis 1993. A ce moment là tous les députés du parti québécois s’étaient engagés à abolir la loi 86 dès la reprise du pouvoir. Quand le parti Québécois a repris le pouvoir Monsieur Jacques Parizeau a tout concentré sur le référendum.

Souveraineté – Rebello et les souverainistes non pratiquants

Article de Marc Laviolette et Pierre Dubuc, respectivement président et secrétaire du SPQ Libre publié par Le Devoir le 17 janvier 2012

photo Devoir

«Libres en autant que les lois anglaises le permettent»

Aux rénovations économiques de François Legault, le PQ n’a rien de mieux à proposer qu’un plan de rénovations politiques, là aussi toujours dans le cadre de la Maison Canada, comme en témoigne le cahier de propositions soumis au Conseil national de la fin janvier.

La première grande poussée indépendantiste s’est échouée sur le récif Duplessis

Article d’Ouhgo publié dans Tribune libre de Vigile le 16 décembre 2011

LES ANNÉES ’30, DE BOURASSA, GROULX, LAURENDEAU, O’LEARY
La première grande poussée indépendantiste s’est échouée sur le récif Duplessis
Celle des années ’70 s’écrase sur quoi ???

On ne sait pas toujours que Henri Bourassa, petit-fils de Louis-Joseph Papineau, grand défenseur de la foi et de la langue de sa race, détourné par Action nationale, en vint à professer que le nationalisme était un péché.

Le chanoine Lionel Groulx, qui réclama longtemps son pays français en Amérique, finit par expliquer que ce qu’il voulait dire, c’était « à l’intérieur de la Confédération ».

Très admiré par De Saint-Denys Garneau, André Laurendeau, tout comme Pierre Dansereau très jeune, se gargarisaient de nationalisme, voire de fascisme servi par un gouvernement totalitaire à l’italienne pour affronter l’unilinguisme anglais du gouvernement fédéral. C’était avant l’émancipation par voyages en Europe où la montée de Mussolini et Hitler commençaient à inspirer des doutes. La formule « Notre nationalisme » de Laurendeau s’étendit à « l’internationalisme » (interculturalisme ?).

Pour Claude Hurtubise, de la revue LaRelève, le nationalisme devint inacceptable.

Les mouvements Action catholique, Action française, Action nationale (Groulx), face aux expressions comme « éducation nationale » exercèrent une rupture avec le « national » : qualificatif « humain » plutôt que « national », l’état humain de la nation puisque ce mot sépare… Vinrent Guy Frégault et l’abbé Jean-Marie Parent (revue LesIdées) qui répudièrent les mots race, sol, terre, sang… On parle de nation « spirituelle », qui donne accès à l’universel (comme nous verrons nationalisme civique après 1995). Jean-Charles Harvey, journaliste économiste, dira : l’humain est essentiel, le national est secondaire. Laurendeau, après son expérience en Alsace, sentit l’urgence de dissocier le catholicisme de la droite nationaliste. On entendit bien les noms de Jacques Maritain, influent dans les mouvements JOC, JEC (être d’abord, c’est l’individu avant la nation)… Henri Daniel Rops, Emmanuel Mounier, fort présent par la revue Esprit, sans être jamais venu au Québec.

Chauveau, Premier Ministre du Québec (1867), écrivain engagé

Article d’Ouhgo publié dans Tribune libre de Vigile le 14 janvier 2012

DÈS L’ÂGE DE 17 ANS, IL AVAIT PUBLIÉ « L’INSURRECTION » (1838)
Chauveau, Premier Ministre du Québec (1867), écrivain engagé
Son « Charles Guérin » (1846) dénonce invasion immigrante, oppression du boss

photo vigile

Nous avons antérieurement parlé de la première poussée indépendantiste au Québec autour des années 1930, avec Bourassa et Groulx Lire l’article…. Or il appert que la révolte des Patriotes en 1837, suivie de la solution Durham, ait inspiré déjà le désir d’une revanche des descendants de Nouvelle-France.

On ne sait pas toujours que Pierre Joseph Olivier Chauveau, premier Premier Ministre du Québec dans la Confédération canadienne (1867), sous l’émulation des politiciens français Châteaubriand et Victor Hugo, ou même de Balzac, succomba à la tentation de publier ses réflexions politiques. Mais l’époque surchauffée en étant une de répression, s’il signa, exceptionnellement, ses feuilletons, il dut utiliser les genres fictifs, comme la poésie et le roman. Et ce genre étant quand même suspect, il décrivit les « mœurs canadiennes » dans son roman « Charles Guérin » avec tellement de périphrases que les premiers critiques le reçurent comme insignifiant.

Pourtant Maurice Lemire, qui présente l’édition de Fides, en 1978, en donne un éclairage sans équivoque.

« Dans cette intrigue, tout l’odieux retombe sur Wagnaër, le marchand. Mais est-ce véritablement un Anglais ? Le romancier a délibérément voulu entretenir la confusion à ce sujet. Nulle part, il ne parle de lui comme d’un Anglais. Cet immigrant des îles anglo-normandes est sûrement sujet britannique et protestant, mais il pourrait également être de culture française comme beaucoup d’habitants de ces îles. Chauveau le qualifie toujours de « jersais » ou encore d’étranger, sans plus…

… Mais l’artifice du romancier ne doit pas nous tromper, Wagnaër est vraiment l’agent principal de corruption. C’est avec son arrivée que s’est déclenché le temps tragique qui doit conduire la famille Guérin à la catastrophe. Avant c’était le temps édénique qui ne mesurait que des journées de bonheur. Les Guérin jouissaient d’une supériorité de fortune que personne ne songeait à leur disputer… Pour un marchand anglais, il n’existe plus aucune valeur absolue et tout peut être objet de spéculation. Voilà ce que décrit Chauveau en termes généraux dans la lettre de Pierre Guérin à sa mère :

« Dévorer comme un vampire toutes les ressources d’une population ; déboiser les forêts avec rage et sans aucune espèce de prévoyance de l’avenir ; ne pas voler ouvertement mais voler par réticence, et en détail, en surfaisant à des gens qui dépendent uniquement de vous, ce qu’ils pourraient avoir à meilleure composition partout ailleurs ; reprendre sous toutes les formes imaginables aux ouvriers que l’on emploie le salaire qu’on leur donne ; engager les habitants à s’endetter envers vous, les y forcer même de plus en plus une fois qu’on les tient dans les filets, jusqu’à ce qu’on puisse les exproprier forcément et acheter leurs terres à vil prix ; voilà ce que certaines gens appellent du commerce et de l’industrie. »

En fait l’introduction de l’industrie et du commerce en particulier au Canada (Qc) par les marchands anglais allait provoquer un affrontement de deux morales, l’une traditionnelle, fondée sur les principes immuables de la religion, l’autre opportuniste, appelée « morale de situation » qui ne vise qu’à légitimer par des arguments spécieux des actes franchement malhonnêtes. C’est le choc de ces deux morales que nous présente « Charles Guérin ».

La première grande poussée indépendantiste s’est échouée sur le récif Duplessis

Article d’Ouhgo publié dans Tribune libre de Vigile le 16 décembre 2011

LES ANNÉES ’30, DE BOURASSA, GROULX, LAURENDEAU, O’LEARY
La première grande poussée indépendantiste s’est échouée sur le récif Duplessis
Celle des années ’70 s’écrase sur quoi ???

On ne sait pas toujours que Henri Bourassa, petit-fils de Louis-Joseph Papineau, grand défenseur de la foi et de la langue de sa race, détourné par Action nationale, en vint à professer que le nationalisme était un péché.

Le chanoine Lionel Groulx, qui réclama longtemps son pays français en Amérique, finit par expliquer que ce qu’il voulait dire, c’était « à l’intérieur de la Confédération ».

Très admiré par De Saint-Denys Garneau, André Laurendeau, tout comme Pierre Dansereau très jeune, se gargarisaient de nationalisme, voire de fascisme servi par un gouvernement totalitaire à l’italienne pour affronter l’unilinguisme anglais du gouvernement fédéral. C’était avant l’émancipation par voyages en Europe où la montée de Mussolini et Hitler commençaient à inspirer des doutes. La formule « Notre nationalisme » de Laurendeau s’étendit à « l’internationalisme » (interculturalisme ?).

Pour Claude Hurtubise, de la revue LaRelève, le nationalisme devint inacceptable.

Les mouvements Action catholique, Action française, Action nationale (Groulx), face aux expressions comme « éducation nationale » exercèrent une rupture avec le « national » : qualificatif « humain » plutôt que « national », l’état humain de la nation puisque ce mot sépare… Vinrent Guy Frégault et l’abbé Jean-Marie Parent (revue LesIdées) qui répudièrent les mots race, sol, terre, sang… On parle de nation « spirituelle », qui donne accès à l’universel (comme nous verrons nationalisme civique après 1995). Jean-Charles Harvey, journaliste économiste, dira : l’humain est essentiel, le national est secondaire. Laurendeau, après son expérience en Alsace, sentit l’urgence de dissocier le catholicisme de la droite nationaliste. On entendit bien les noms de Jacques Maritain, influent dans les mouvements JOC, JEC (être d’abord, c’est l’individu avant la nation)… Henri Daniel Rops, Emmanuel Mounier, fort présent par la revue Esprit, sans être jamais venu au Québec.