janvier 2012

Qu’ils aillent vendre ça dans le ROC !

Article de Dominique Frappier publié dans Vigile le 15 janvier 2012

PHOTO VIGILE

Pour être bien certains de ne plus jamais les revoir au Québec, tout en donnant l’impression au reste du monde d’être quand même ouverts et bons joueurs, faisons semblant de leur tendre la main en leur proposant une petite liste d’épicerie de tâches à accomplir pour leur permettre de regagner la confiance et le respect des Québécois.

Ainsi, pour amorcer le processus d’un espoir hypothétique que la population du Québec puisse un jour daigner commencer à même songer à tendre ne serait-ce qu’une infime fraction de début de lueur d’ombre de petit poil d’oreille à quoi que ce soit provenant de ce côté de la table, le PLC devra tout d’abord commencer

par reconnaître sa responsabilité en s’excusant solennellement pour les diverses « pèteries » suivantes :

1. Loi sur les Mesures de guerre et autres nombreuses manigances découlant du bureau du Premier ministre fédéral de l’époque visant à terroriser la population du Québec.

2. Sabotage agricole du fiasco de Mirabel par l’expropriation de ses terres cultivables.

3. Terrorisme économique lors du référendum de 1980.

4. « RaPETriement » de la constitution de 1982.

5. Démantèlement de la loi 101.

6. Coulage de l’Accord du Lac Meech.

Ils devront également s’excuser catégoriquement pour les chrétienneries suivantes :

1. Nuit des Longs couteaux.

2. Terrorisme économique lors des référendums de 1980 et de 1995.

3. Organisation de la marche dite « De l’Amour » en 1995.

4. Vol du référendum de 1995.

5. Non-respect de sa promesse du Discours de Verdun visant à amender la constitution canadienne dans le sens des intérêts du Québec suivant un vote pour le NON.

6. Adoption de la loi C-20, dite « Loi Dion sur la Clarté »

7. Scandale des Commandites lié aux fraudes jamais élucidées commises lors du référendum de 1995.

La SSJB de Montréal rappelle encore une fois le Jour du drapeau au premier ministre du Québec

Communiqué de presse publié sur CNW Telbec le 16 janvier 2012

Le président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu, s’est fait un devoir d’écrire au premier ministre du Québec, Jean Charest, pour lui rappeler de ne pas oublier de souligner l’anniversaire du drapeau du Québec le samedi 21 janvier prochain dans une lettre qu’il lui a fait parvenir le vendredi 13 janvier. On se rappellera que cet important événement avait été complètement oublié l’an dernier, au grand dam du ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier.

En 2010, la SSJB avait fait la même demande de souligner l’anniversaire du fleurdelisé au premier ministre. Quelques jours plus tard, un déplorable communiqué de presse du ministère de la Justice faisait du pavoisement : « un besoin de traçabilité des services ».

Le président de la SSJB fait valoir que « Le drapeau québécois constitue le symbole de toutes les aspirations, de tous les échecs et toutes les victoires qui ont façonné l’identité du peuple québécois et ses valeurs fondamentales. Au-delà des clivages idéologiques qui peuvent séparer les partis politiques et les citoyens, le drapeau demeure un symbole unificateur porteur d’espoir pour tous les Québécois. » Voici la teneur de la lettre envoyée par Mario Beaulieu:

« Montréal, le 13 janvier 2012

Monsieur Jean Charest
Premier ministre du Québec
Édifice Honoré-Mercier
3e étage
835, boul. René-Lévesque Est
Québec (Québec) G1A 1B4

Monsieur le Premier Ministre,
Le 21 janvier prochain, le Québec commémorera l’adoption de notre drapeau, qui a été choisi par le gouvernement du Québec le 21 janvier 1948. L’an dernier, un malheureux oubli de votre gouvernement avait passé cet anniversaire sous silence. Cette année, puis-je me permettre de vous le rappeler suffisamment d’avance pour que vous puissiez vous organiser ? Notre devise n’est-elle pas « Je me souviens » ? Ne croyez-vous pas qu’un peuple qui n’a pas d’histoire et de fierté risque de ne pas avoir d’avenir ?
En 2010, dans son communiqué, votre ministère de la Justice soutenait que le fleurdelisé devant les édifices gouvernementaux « répond à un besoin de traçabilité des services ». Permettez que je vous suggère plutôt que de faire flotter son drapeau, c’est célébrer notre nation; c’est exprimer notre fierté nationale. C’est notre patriotisme que nous affichons. Planter un drapeau ou faire flotter un drapeau exprime aussi le pouvoir de la nation qu’il représente.
Pour l’occasion, le comité du fleurdelisé de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal organise des activités dont une marche (plus écologique que notre parade traditionnelle en automobile) et invite les Montréalais et Montréalaises à venir à la Maison Ludger-Duvernay chercher un drapeau et du matériel pour pavoiser leur résidence.
Il va sans dire qu’au nom des membres du conseil d’administration et des membres de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, il nous ferait un grand honneur de vous accueillir aux célébrations de la Journée nationale du drapeau.

Le président,

Mario Beaulieu »

21 janvier – Jour du fleurdelisé

La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal constitue la plus ancienne institution militante et toujours active pour la promotion et la défense des intérêts du peuple québécois. Notre Société a été intimement liée à l’histoire du drapeau québécois, que ce soit le drapeau des Patriotes qui était aussi le drapeau de la SSJBM en 1834, ou le fleurdelisé inspiré du drapeau de Carillon, que notre Société a promu pendant des décennies lors de manifestation publique pour lui obtenir un statut officiel.

La SSJB de Montréal rappelle encore une fois le Jour du drapeau au premier ministre du Québec

À titre de président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, je me suis fait un devoir d’écrire au premier ministre du Québec, Jean Charest, pour lui rappeler une nouvelle de ne pas oublier de souligner l’anniversaire du drapeau du Québec le samedi 21 janvier prochain. On se rappellera que cet important événement avait été complètement oublié l’an dernier, au grand dam du ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier. En 2010, la SSJB avait fait la même demande de souligner l’anniversaire du fleurdelisé au premier ministre. Quelques jours plus tard, un déplorable communiqué de presse du ministère de la Justice faisait du pavoisement : « un besoin de traçabilité des services ». Le drapeau québécois constitue le symbole de toutes les aspirations, de tous les échecs et toutes les victoires qui ont façonné l’identité du peuple québécois et ses valeurs fondamentales. Au-delà des clivages idéologiques qui peuvent séparer les partis politiques et les citoyens, le drapeau demeure un symbole unificateur porteur d’espoir pour tous les Québécois. Voici la teneur de la lettre envoyée à M. Charest:
Drapeau
Pour en savoir plus sur le Jour du fleurdelisé.

Pour ne pas m’étouffer

Chronique de Pierre-Luc Bégin oublié dans Le Québécois le 15 janvier 2012

Mon ami Pierre Falardeau disait parfois qu’il écrivait pour ne pas mourir de rage, pour ne pas s’étouffer dans ses vomissures devant toute la bêtise qui le dégoûtait tant. Écrire pour préserver sa santé mentale, pour ne pas « s’ouvrir les veines avec une pelle à neige en plastique », pour ne pas tout casser. Depuis que Falardeau nous a quittés, les envies de vomir ne manquent pas. Pour faire une sélection, c’est l’embarras du choix. Un petit top 5 de la dernière semaine, à la mémoire de mon ami.

5e position : Le gouvernement canadien n’exigera pas que le prochain président du CRTC connaisse le français. En effet, le bilinguisme ne sera pas une exigence. Et laissez-moi penser que Harper et ses redneck n’envisagent pas de nommer un unilingue français! Après les ministres unilingues anglais, les juges unilingues anglais, le vérificateur unilingue anglais, etc. Vraiment, Canada anglais est un pléonasme. La disparition du français, visible au grand jour. Pas surprenant, mais à vomir.

4e position : Conflit chez Rio Tinto Alcan à Alma : la compagnie met ses travailleurs en lock-out, on leur interdit ensuite de manifester et on oblige d’autres travailleurs, ceux du chemin de fer Roberval-Saguenay, à franchir les lignes de piquetage sous peine de perdre leur job et de se faire congédier… Après ça, des fous de la droite extrême comme Éric Duhaime vont nous dire que les syndicats ont trop de pouvoir au Québec! Toute ma solidarité aux gars de Rio Tinto et aussi à ceux de Papiers White Birch, à Québec, crissés à la porte en perdant le fonds de pension qu’on leur avait promis. À vomir.

3e position : Le fou furieux maire Stéphane Gendron à Huntingdon, un autre extrémiste de droite et farfelu de première s’il en est un (disons entre Don Cherry et André Arthur), refuse que la loi 101 s’applique dans sa municipalité. Il défie l’État québécois. Les lois québécoises ne s’appliquent pas dans son patelin : cela menacerait les « droits fondamentaux » des pauvres unilingues anglais qui habitent son coin! Vraiment, il y a des coups de pied au cul qui se perdent. À vomir.

Un débat qui n’en finit plus

Article d’Henri Marineau publié dans Québec Hebdo le 14 janvier 2012

À la naissance du Parti québécois, au début de la vingtaine, j’assistais, grisé par ce vent de patriotisme, au réveil de la nation québécoise sous l’égide de René Lévesque. Quarante-deux ans plus tard, après deux échecs référendaires, des décennies d’étapisme dans l’attente de conditions gagnantes, je subis encore les élucubrations laborieuses de politiciens «patients» qui aboutissent à des stratégies caduques et rétrogrades qui ont frappé le mur d’une fin de non-recevoir à maintes occasions.

Je recevrai cette année ma pension de sécurité à la vieillesse…et j’attends toujours que le Québec devienne une nation! Pendant ce temps-là, certains politiciens, qualifiés de «pas pressés», considèrent que les citoyens de ma génération devraient faire preuve d’un peu de patience et, qu’un jour, nous accéderons à notre statut de pays.

L’indépendance : à la fois une fin et un moyen…

Article de Claude LALANDE publié dans Tribune Libre sur Vigile le 13 janvier 2012

Je suis indépendantiste depuis les premières heures du Mouvement Souveraineté Association, l’ancêtre fondateur du Parti Québécois. J’ai milité activement dans ce parti pendant de nombreuses années. Ma santé, maintenant, m’oblige à plus de retenue.

Si depuis le début, mon cœur me prie de voir l’indépendance comme une fin en soi, ma raison, d’autre part, m’impose de croire qu’elle pourrait bien être d’abord un moyen de préserver notre identité de peuple et de nation. Je suis donc un mélange de cœur et de raison. Et pourquoi pas ? N’est-ce pas là l’équilibre que doit rechercher tout être l’humain. Et pourquoi n’en serait-il de même d’un peuple, d’une nation…

L’indépendance vue à travers le prisme de la nation qui se libère, quoique que puisse en être le coût, grandit et ennoblit. Ces peuples qui conquièrent leur indépendance au prix du sang, de la souffrance, du travail et de la ténacité suscitent d’emblée l’admiration de tous. Ceux qui agissent uniquement par intérêt, ne serait-ce que celui de la survie évitent le blâme et ne reçoivent que l’applaudissement des pragmatiques. Ceux qui savent entremêler cœur et raison, doser correctement fierté, survie et intérêts nationaux, s’ouvrent les portes du respect et de l’admiration sur fond de sagesse.

Le Québec, pour peu qu’il accepte d’être fier de lui-même, qu’il prenne conscience que sa survie identitaire, donc linguistique (la langue est beaucoup plus qu’un instrument de communication) est menacée, pourrait appartenir à cette troisième catégorie.

Il appartient à nos dirigeants actuels, à tous ceux qui ont à cœur la survie de notre culture, de notre langue et de notre identité de réfléchir ou de d’approfondir leur réflexion sur notre avenir de peuple distinct et francophone. De prendre conscience des dangers qui nous menacent sur les plan culturel et linguistique et d’agir en conséquence. Il y a urgence.

Il y a urgence de dire, de crier, de répéter à tous vents, dix fois plutôt qu’une, que notre langue est menacée et qu’elle risque de n’être qu’objet de folklore dans quelques générations si rien n’est fait maintenant pour l’en préserver. Une forme de « lousianisation » guette le Québec.

J’ai longtemps pensé que l’obtention d’un statut particulier, conférant au Québec les pleins pouvoirs en matière de langue et de culture pourrait garantir l’avenir identitaire des Québécois. En admettant qu’un tel statut particulier puisse être possible au sein de la fédération canadienne, serait-il suffisant pour préserver notre identité ? J’en doute de plus en plus. Mais nous reprendrons cette discussion plus tard…

Les Québécois, qui savent encore vibrer à l’appel de la langue, devraient réagir à cet appel identitaire de nos dirigeants et, voyant l’indépendance comme dernier recours à la sauvegarde de notre identité, la choisir dans un heureux mélange de fierté, de survie, et de pragmatisme.

Valeur (Ou Absence) De La Souveraineté

Article de Patrick Lévesque publié sur Globe.ca le 7 janvier 2012

Deux de mes collègues ont livré dans les derniers jours leur opinion sur l’état de la souveraineté. Cri du coeur, occasion pour ces indépendantistes convaincus de mettre leurs tripes sur la table. Par contre, en opposition à ces auteurs, je suis loin d’être un souverainiste convaincu. On pourrait plutôt me ranger dans une catégorie que nous nommerons pour l’occasion les “fédéralistes mous.”

photo Globe

Ceci dit, si vous avez lu quelques uns de mes textes sur ce blogue, vous savez probablement qu’en général mes opinions souffrent de tout, sauf de mollesse! Je ne fais pas trop exception dans ce dossier. La question nationale m’intéresse et j’ai à son sujet des idées bien arrêtées qui expliquent mon ambivalence actuelle. Posons un regard différent sur cet enjeu.

Partons du texte de Marilène Pilon. La vision de la souveraineté en est une de but à atteindre, d’enjeu, de recette. Elle est sous-tendue par, d’une part, cette notion de “conditions gagnantes” emmenées sur le tapis par un certain Lucien Bouchard (si ma mémoire me sert bien) et d’autre part, une certaine amertume envers un colonialisme perçu (réel ou non, cela importe guère) qui ne met guère en valeur le reste de la population. Nelson Lamoureux, quand à lui, refuse à juste titre de croire à un fédéralisme renaissant, et attribue alors le déclin du souverainisme à un certain cynisme de la part des électeurs.

De l’autre côté du spectre politique, ma perception de la situation ne concorde pas. Le détachement d’une majorité de Québécois de l’option souverainiste est réel, mais il serait absurde à mon avis d’en chercher la cause chez les électeurs. Le cynisme ne se situe pas chez eux; au contraire, comme les deux textes ci-dessus le révèle, le cynisme se situe d’abord et avant tout du côté des souverainistes eux-mêmes, et de leurs généraux.

L’électeur, lui, voit la souveraineté comme un projet, certes, mais pas comme l’unique fin, l’unique projet, l’unique but de la vie politique. C’est la que se situe la première discordance entre la mouvance souverainiste et le reste de l’électorat. Parce que la souveraineté, c’est bien beau, mais y’a pas que ça dans la vie, et en attendant, il faut continuer d’aller à l’école, à l’hôpital, à la garderie, à maintenir les autoroutes en état, à protéger l’environnement, etc, etc.

Mais bon, à ce stade-ci, tout cela reste encore bien intellectuel. On parlait de tripes, tout à l’heure, de coeur au ventre, et c’est surtout ce qui ne passe pas. LA principale discordance. Car depuis bientôt 15 ans on s’obstine à présenter la souveraineté comme un argument rationnel. On fait des bilans, on tend à démontrer les avantages froidement, de façon économique, lucide… encore un héritage de Bouchard? Qui sait?

Bref, la souveraineté ne fait plus réagir personne car les souverainistes l’ont éviscéré eux-mêmes. Vidée de ses tripes. Vidée – oserai-je prononcer le mot en 2012? – de ses valeurs.

Souveraineté Et Inconscient Collectif

Article de Marilène Pilon publié dans Globe.ca le 4 janvier 2012

En ce début d’année 2012, je me questionne sur l’ambition des Québécois sur le plan de la souveraineté. Je me demande si le 40 % toujours souverainiste est en réalité souverainiste. J’aime sortir des sentiers battus alors je partage mes réflexions pour mon petit bonheur et pour m’enrichir des vôtres. Je m’explique.

Parfois, désirer quelque chose demeure plus excitant que de posséder ladite chose. Par exemple, un enfant peut désirer au plus haut point le dernier jeu vidéo tout chaud qui sortira de l’usine dans 6 mois pour le délaisser après quelques semaines, voire quelques jours. Pourtant, il vous en a parlé pendant des semaines de ce fameux jeu. Je me demande si la souveraineté demeure simplement désirée ou si elle passionne le 40 %.
photo Globe

Avec Stephen Harper majoritaire à Ottawa, la situation fédérale reste toute indiquée pour promouvoir la souveraineté avec force, puissance, planification, arguments : dénonçons la colonisation, l’armée “royale”, les F-35, le retrait de Kyoto, l’omniprésence de l’unilinguisme anglophone alors que le Canada est supposé avoir 2 langues officielles. Sur le plan provincial, Jean Charest cumule folies par-dessus vols avec la corruption, les hausses de taxes, des coûts d’électricité, des frais de garderie et le vol de nos ressources avec son plan Nord. J’espère ne pas être la seule à voir que le fédéral et le provincial font tout pour alimenter la flamme souverainiste.

Cependant, à la place, nous plaçons un parti fédéraliste centralisateur en force à Ottawa avec plusieurs députés unilingues anglophones et le vote souverainiste se divise sur la scène provinciale avec l’arrivée d’Option Nationale et de Québec Solidaire. Nous sommes si près du but, de la souveraineté, sauf que nous sommes occupés à dépenser de l’énergie dans le mauvais sens tout en divisant le vote qui nous éloigne du pouvoir.

Alors, je me pose la question : la voulons-nous vraiment la souveraineté? Je me demande si nous ne préférons pas réinventer la roue à chaque 30 ans pour être certains que nous n’aurons jamais notre pays. Nous créons ainsi l’excuse que nous ne réalisons pas ce projet faute d’avoir le pouvoir, faute d’avoir une grande voix à l’Assemblée Nationale.

Mille et un prétextes existent pour faire semblant de différencier les opinions constitutionnelles du Parti Québécois, de Québec Solidaire, d’Option Nationale et du Parti Indépendantiste. Nous ramons tellement dans tous les sens possibles afin de tenter de dénoncer l’autre qui n’est pas aussi souverainiste que l’un que nous faisons du surplace avec une énergie dépensée pour rien.

Par conséquent, je me demande si, inconsciemment, nous préférons rester colonisés, soumis, écrasés, surtaxés parce qu’il reste quelque chose dans le réfrigérateur et que nous avons le ventre plein. Nous semblons préférer que le fédéral et le provincial nous volent et nous écrasent, nous semblons contents. Si ce n’est pas le cas, il y a une lumière qui devrait s’allumer là.

Je suis passionnée par la souveraineté et je compte bien continuer de la promouvoir parce qu’elle demeure un magnifique projet et que ses opposants n’ont pas encore réussi à me faire changer d’idée.

Souveraineté du Québec: on perd ou on gagne?

Chroniques de Rita Dionne-Marsolais publié sur Indépendantes.org le 9 janvier 2012

Globalement nous pouvons dire que, si le Québec devenait un pays, pour chacun d’entre nous il n’y aurait pas beaucoup de changements à court terme. Toutefois, à long terme cela pourrait être différent et les Québécois pourraient gagner beaucoup. Je m’explique.

Sur le plan de l’impôt, nous savons tous que nous envoyons à Ottawa une part importante de nos impôts. C’est presque l’équivalent de ce que nous payons à Québec. Si le Québec était un pays, il est clair que ces impôts iraient à un seul endroit, à savoir à Québec.

Toutefois cela ne veut pas nécessairement dire que le total des impôts baisserait du jour au lendemain pour le contribuable Québécois. Nous pouvons raisonnablement dire toutefois qu’à moyen et long terme, nos impôts totaux pourraient baisser ou à tout le moins ne pas augmenter.

De la même manière, personne ne peut affirmer que les impôts que nous envoyons au Canada aujourd’hui vont baisser dans l’avenir, ni de combien ils pourraient augmenter.

Ce que l’on peut affirmer toutefois c’est qu’en étant un pays, le gouvernement du Québec investirait les fonds de nos impôts pour répondre aux besoins des Québécois seulement. Et si le besoin d’aider d’autres pays se faisait sentir, ce serait au gouvernement du Québec de décider seul s’il en a les moyens, comme de décider de l’envergure et de la forme de l’aide à dispenser.

États généraux sur la souveraineté: la mécanique déjà en marche

Des États généraux sur la souveraineté pourraient bientôt être lancés officiellement. La mécanique est déjà en marche.

photo la presse

«Des segments ont été démarrés, mais on ne fera l’annonce que lorsque tout sera en route», indique le président du Conseil de la souveraineté du Québec (CSQ), Gérald Larose.

Des comités de travail ont été créés et sont à l’oeuvre. «Certains ont déjà fait trois réunions», ajoute-t-il. Mais par prudence, il attend que «le train soit déjà en marche» avant de faire une annonce, afin d’éviter que des mécontents essaient de faire dérailler l’exercice.

En août dernier, Pauline Marois demandait la tenue d’États généraux pour répondre aux souverainistes pressés. Au début de l’automne, M. Larose estimait à «une sur deux» les chances que les États généraux soient lancés. «C’est plus que cela maintenant. On y travaille fort», affirme-t-il.

Les membres de la CSQ se sont rencontrés à ce sujet mercredi soir. Une autre réunion est prévue bientôt. Une commission des États généraux a été constituée. Ses membres ont déjà été nommés. M. Larose refuse pour l’instant de les identifier. Ces membres détermineront la modalité des États généraux.

L’exercice sera non partisan. Il n’appuiera pas un des trois partis provinciaux souverainistes, soit le Parti québécois, Québec solidaire et Option nationale. Il est déjà acquis que les États généraux n’ouvriront pas le panier de crabe de la mécanique référendaire. On ne débattra pas du comment, mais plutôt du pourquoi.

«On va parler de la souveraineté à partir des enjeux réels», prévoit M. Larose. Par exemple: en quoi la souveraineté aiderait l’éducation, la culture ou les ressources naturelles. «Mais la pédagogie de la souveraineté n’est qu’un angle. Ça pourrait valoir la peine de travailler à partir de l’état de dépendance, et non pas d’indépendance. Autrement dit: de voir les blocages au développement du Québec à l’heure actuelle. Ces débats se font en ce moment», poursuit M. Larose.

Il n’est pas exclu que les États généraux se dérouleront durant la prochaine campagne électorale, qui pourrait être déclenchée au printemps ou à l’automne. Ces décisions devront être prises par le comité, dit M. Larose. «Mais on ne veut pas être à la remorque du calendrier électoral», dit-il.

Moteur ou remorque ?

Texte de Nestor Turcotte publié dans Vif=gile.net le 12 janvier 2012

Les Québécois sont sonnés. Les Québécois sont tannés. Les Québécois n’arrivent pas à se brancher.

À l’origine, le discours indépendantiste propulsait les gens vers l’avenir, vers un rêve, une conquête. L’indépendance était le moteur du véhicule qui, au départ, regroupait des gens venant de tous les horizons et qui prenaient plaisir à cohabiter en vue de la création d’un authentique chez soi. La coalition de 1968 était inspirante. C’est en quittant la « maison de fous » qu’était le Canada fédératif que le Québec deviendrait maître chez lui. L’indépendance était la solution. Non pas une solution parmi tant d’autres. L’indépendance était le moteur qui devait conduire les Québécois vers leur émancipation et leur donner enfin une pleine et entière possession de tous leurs moyens. Sans le moteur de l’indépendance, la voiture n’avançait pas, ou, si elle avançait, elle allait se ramasser carrément dans le champ. Tous les ténors de l’indépendance ont tenu ce discours rassembleur, unificateur, prometteur. Ils ne le tiennent plus. Ils ont perdu la foi.

Ce type de discours est mort depuis le référendum de 1995. Les indépendantistes – lire : les péquistes et les défunts bloquistes – ne parlent plus de l’indépendance du Québec. Ils parlent de gouvernance souverainiste, d’un référendum hypothétique, d’une date à déterminer, d’un échéancier à long terme. L’indépendance du Québec n’est plus le moteur de leur action. Elle est devenue la remorque qui, clopin-clopant, aboutée à un vieux char usé, poqué, mal entretenu, n’inspire plus aucun voyageur. L’indépendance est devenue le boulet qui empêche d’innover, de créer de l’enthousiasme parmi les troupes décimées. Le vieux nationalisme de la défunte Union nationale reprend du poil de la bête. À défaut d’un vecteur bien ciblé, on se contente du mythe de l’éternel retour.

Dans l’auto qui traîne les rescapés de l’aventure, les uns restent cois devant le constat de l’échec, d’autres, rêvent à mots couverts, d’un souffle nouveau venant de l’Ouest, pour ranimer une flamme qui vacille au gré des démissions en séries.

Les Québécois sont sonnés. Les Québécois sont tannés. Les Québécois n’arrivent pas à se brancher. Entre la remorque de plus en plus lourde à porter et le moteur qui a sans cesse des ratés, ils hésitent, vacillent, se dispersent. Les opportunistes se cherchent une niche, un emploi, pour poursuivre une carrière morcelée, désorientée, sans épine dorsale.

Visiblement, il n’y a plus d’espoir en cette voiture amochée, qui, au lieu de concrétiser le rêve espéré ne fait qu’enfanter le rêve éclipsé. Le Québec attend. Il n’espère même plus. Il craint. Il se résigne.

Quand un peuple accepte ainsi le sentier du défaitisme et de l’assimilation à petit feu, c’est qu’il n’est pas « quelque chose comme un grand peuple ». À moins que naisse ou dorme en ses murs un cœur libéré qui ferait éclater les peurs et les hésitations qui somnolent au sein de la majorité, le Québec périra dans l’histoire. Il sera un des rares peuples, majoritairement inscrit dans le déroulement des événements humains, qui aura accepté de mourir sans lever le petit doigt. Le colonialisme a sans doute ses limites. Il semble qu’en terre laurentienne, il est capable de se dépasser et de creuser la tombe d’une nation qui ne sait plus porter son destin.